Cette activité est ancienne, elle est liée à la présence de gypse. Celui-ci affleure en de nombreux lieux dans la vallée de l’Avance. La toponymie marque clairement qu’il a été une ressource exploitée de longue date. On peut citer les lieux-dits : la chapelle des fours, la gypière, la plâtrière...
1 - L'activité plâtrière dans la vallée de l'Avance.
Le Vallon des Fours.
Le vallon des fours à St-Étienne le Laus, tient son nom de la présence de fours à gypse. Les archives du sanctuaire N.D. du Laus en conservent la trace:
Un événement : mai à août 1664.
Benoîte Rencurel a 17 ans quand, menant son troupeau en un lieu qui est une sorte de carrière où l’on chauffe le gypse pour en faire du plâtre, elle voit une belle dame qui lui apparaît. Les événements sont décrits par ces mots : « Au pied du bois de Saint-Etienne, près d’un torrent où il y avait, sur le côté gauche en montant, un petit antre, Benoîte gardait ses brebis, récitant son chapelet, lorsque tout à coup, elle vit une belle Dame avec un petit enfant d’une beauté extraordinaire qu’elle tenait par la main. "Belle Dame, lui dit-elle, que faites-vous ici ?" Elle lui demande si elle voulait acheter du plâtre, si elle voulait goûter avec elle, qu’elle avait du bon pain, qu’elle le tremperait dans la fontaine. La Dame sourit de sa simplicité et ne lui dit pas un mot. »
Le Gypse était extrait et cuit sur place. Il devait encore être battu avec une sorte de fléau pour être réduit en poudre de plâtre.
La plâtrière à St-Étienne le Laus.
L'exploitation est restée artisanale dans la plupart des sites mais elle fut semi-industrielle (quelques centaines de tonnes/mois) entre 1956 et le milieu des années 70 au niveau de la carrière de la colline du Laus où étaient extraites quelques centaines de tonnes/mois.
Carrière de la plâtrière à St-Étienne le Laus.
Le moulin à plâtre de l’Avance:
Pour commercialiser le plâtre, les pierres, après cuisson, étaient réduites en poudre dans un grand moulin (malheureusement en ruine) situé au niveau du carrefour entre la route de l’Avance et celle du Laus.
La roue à aubes, située sur le pignon nord de la maison est maintenant cachée dans les ronces.
Schéma de fonctionnement du moulin. :
2 - L'activité plâtrière à La Batie-Neuve.
En 1934 , a la Batie Neuve, deux entreprises se créent :
- M. Edouard Gelpy fait construire près de la gare un entrepôt pour les plâtres de la société Comberland.
- M. Justin Ricou construit une usine à plâtre (Plâtrerie) à la sortie de la Batie-Neuve en direction de Gap, à l’emplacement de l’actuelle rue de la plâtrerie. Cette usine a exploité le gypse du Laus.
La plâtrerie
Le bâtiment est resté en activité jusqu’en activité jusqu’en 1941 puis est tombé en ruine avant d’être détruit en 1984 pour faire place à un lotissement.
Le transformateur électrique subsiste encore et marque l’emplacement de l’usine.
l'entrepôt pour les plâtres de la société Comberland.
3 - Le processus de fabrication traditionnelle du plâtre .
La fabrication du plâtre est connue depuis le Néolithique et s’est faite pendant huit mille ans de façon empirique.
En France, l’usage du plâtre est établi depuis l’époque gallo-romaine, d’abord dans les régions où se trouvent d’abondantes ressources en gypse : Provence et Île-de-France.
Avant le XXe siècle les différents amas gypseux n'étaient exploités que par intervalles, lorsque les travaux de la campagne n'occupaient pas les ouvriers,
Cliquez sur ce lien vidéo pour comprendre la transformation du gypse en plâtre
1) Extraction du gypse en gros blocs et Concassage à la masse en blocs plus petits.
2) Cuisson au four.
Connu depuis au moins le XVIe siècle le four à culée est utilisé jusqu'en 1950. Les blocs de gypse les plus gros étaient assemblés en voûtes parallèles sous lesquelles on plaçait le combustible. Ces voûtes étaient recouvertes de morceaux de gypse de plus en plus petits afin d'homogénéiser la cuisson. Les flammes produites doivent pouvoir monter entre les pierres. La température et le temps de la cuisson (plusieurs dizaines d'heures) étaient liés au savoir faire du plâtrier. Ce savoir faire était issu des méthodes empiriques des générations antérieures. Ces paramètres varient également en fonction de l'utilisation que l'on voulait en faire: liant, enduit, amendement...
Après une journée de refroidissement, les blocs cuits sont défournés.
N.B. : Les cuissons nécessitent d'importantes quantités de bois (120 à 140 kg de bois par m3 de plâtre fabriqué),
3) Battage et Tamisage :
Ensuite les blocs de plâtre étaient réduits en poudre (par battage manuel avec une sorte de fléau ou de massue en osier) avant d'être tamisé.
Vers la fin du 19ème siècle les meules, actionnées par des chevaux ou un moulin à eau, remplacent ce travail manuel.
4) Ensachage:
Enfin la mise en sachets permettait de conditionner la poudre pour la vente.
La Société Géologique et Minière du Briançonnais a fait une reconstitution de ce processus :
- Enfournage :
Une couche de bois est placée au fond du four et elle est recouverte de morceaux de gypse en respectant une granulométrie décroissante de la base vers le sommet.
- Combustion et défournage
Le bois est mis à feu. Au bout de quelques heures de combustion, la transformation du gypse en plâtre est accomplie.
- Battage et tamisage:
Le plâtre est réduit en poudre en le frappant avec des maillets en frêne à long manche (d'où l'expression " battu comme plâtre ").
La poudre obtenue est alors tamisée.